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Lavande chinoise Les producteurs de Provence veulent jouer "l'authentique"

Confrontés à une concurrence accrue de la lavande venue de Chine et de pays de l'ex-bloc soviétique, les acteurs de la filière française "plantes à parfum" comptent sur l'intérêt accru des consommateurs pour "l'authentique" pour faire vivre un produit emblématique de la Provence.

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"Il y a péril en la demeure, avec une grosse menace venant de la Chine", explique Patrice de Laurens, directeur de l'Office national interprofessionnel des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (ONIPPAM), organisateur ce samedi d'un séminaire sur les "perspectives de développement durable" de la profession à Gréoux-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). "La Bulgarie, producteur historique, a aussi commencé à redresser la tête. Des nouveaux acteurs comme l'Ukraine sont apparus", poursuit-il. Au premier trimestre 2005, les importations de lavande, destinée à la parfumerie ou l'aromathérapie, ont doublé, atteignant une trentaine de tonnes. Les prix de la lavande importée sont inférieurs de moitié à la lavande provençale (22 dollars/kg contre au minimum 45 euros).

La production nationale avoisine les 75 tonnes d'essences de lavandes par an, dont quelque 17 tonnes en AOC. Parallèlement, les quelque 2.700 producteurs français, tous installés en Provence, produisent 1.000 à 1.200 tonnes de lavandin, destiné lui à l'industrie (lessives, détergents...), et qui subit pour sa part la concurrence des produits de synthèse, précise Claude Chailan, de l'ONIPPAM, établissement public dépendant du ministère de l'Agriculture. Face à cette concurrence et à une future règlementation européenne visant à évaluer l'impact des produits chimiques, les professionnels ont toutefois des atouts à faire valoir, souligne Jacques Bardoin, vice-président du pôle de compétivité "Parfums, arômes, senteurs, saveurs (PASS) que vient de créer le gouvernement autour de la filière. Le PASS permettra notamment le lancement de programmes de recherche et de développement sur la peau artificielle (en prévision d'une prochaine interdiction européenne d'utiliser des animaux en cosmétologie) et sur "les vertus scientifiques des huiles essentielles", ajoute M. Bardouin. "On continuera aussi de travailler sur le dépérissement" dont souffrent pour des raisons inexpliquées les plants de lavande, dit-il.

La profession souligne que la lavande représente un produit d'appel touristique dépassant largement la sphère agricole, avec un marché estimé à 1,7 milliard d'euros. Elle demande donc à être également soutenue via des aides plus classiques comme l'aide à l'hectare. Mais les producteurs souhaitent surtout "rebondir" sur l'engouement des consommateurs pour "l'authenticité et la nature", devenus des "arguments stratégiques de marketing", explique M. de Laurens. "Jusqu'à présent, les parfumeurs préféraient communiquer sur les jambes de Nicole Kidman plutôt que sur la composition de leur produit. Le défi, c'est de développer la traçabilité comme l'a fait l'industrie agroalimentaire". "La seule façon de lutter contre la concurrence étrangère, c'est de miser sur une qualité exceptionnelle", renchérit André Doudon, responsable de l'association interprofessionnelle qui a créé en décembre 2003 un "label Rouge" des "herbes de Provence". Faisant valoir que les ventes avaient doublé à 15 tonnes depuis le début de l'année, il souligne que "le consommateur apprécie un produit différent".

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